La carte qui attise la curiosité, le réseau illisible mais fascinant, les graphiques aux sources cachées par la simplicité visuelle,… autant d’éléments désormais récurrents dans les médias, communications politiques et scientifiques qu’il faut savoir décrypter. Si la nature des données est censée conditionner notre façon de les représenter, la marge de manoeuvre reste en effet très large en matière de manipulation visuelle, volontaire ou accidentelle.
Ce billet rassemble trois réflexions critiques sur nos pratiques de visualisation de données, je vous invite à ne pas vous arrêter à ces courtes descriptions et à les consulter en intégralité sur les blogs de leurs auteurs :
When Maps Shouldn’t Be Maps
Les données géolocalisées poussent à la cartographie. Quand bien même cette représentation est porteuse d’une réelle plus-value (plusieurs très bons exemples du New-York Times, dont M. Ericson est directeur graphique, à l’appui), certaines données ne se prêtent pas à cet exercice. Dans le cadre d’une visualisation de résultats électoraux sur un territoire divisé en de très nombreuses entités, une telle vision globale n’est pas toujours plus explicite qu’un tableau de données.
Source (Matthew Ericson)Suivre @mericson
Networks Demystified: When Networks are Inappropriate
L’analyse et la visualisation de réseau est à la mode, une situation justifiée par le grand intérêt de l’approche en “réseau” d’un objet d’étude et par les possibilités fantastiques que ces nouveaux outils offrent au chercheur. Cela dit, Scott Weingart met en garde contre la culture du réseau “sexy” et inintelligible. L’analyse de réseau réduit la réalité à un mode visuel qui fait parfois perdre la singularité de ce qui fait le lien entre deux éléments étudiés, avec le risque évident que l’analyste se cantonne à étudier la portion de ses données qui peuvent être visualisées en réseau sans traiter les autres, plus qualitatives.
Source (Scott B. Weingart)Suivre @scott_bot
Disinformation Visualization: How to lie with datavis
Dans un registre de visualisation plus classique, les tableaux fréquemment publiés dans les médias traditionnels, l’analyste porte la lourde responsabilité du choix des données qu’il met en scène. Visualiser les résultats de sondages téléphoniques est en effet un exercice qui doit questionner la déontologie du sondeur : non seulement la forme des questions conditionne les réponses, mais la présentation de ces dernières n’est jamais dénuée d’une certaine décision “scientifique” (ou “idéologique” ?). Faut-il faire confiance ou exiger les données brutes ?
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