Avant d’être ici un “mouvement” et là une “discipline”, les humanités numériques sont une communauté de pratiques qui rassemble des chercheurs, ingénieurs et enseignants qui font usage des outils numériques dans leurs recherches en sciences humaines et sociales et/ou ont pour objet d’étude “le numérique” dans leurs champs respectifs. Communauté d’échanges interdisciplinaires par essence, les  humanités numériques francophones se structurent autour d’une association et de non-conférences généralement annuelles : les THATCamps, où des ateliers permettent de partager expériences et réflexions critiques.

Dans le cadre du datasprint de THATCamp Paris 2015, une équipe a compilé les données d’inscription des 6 THATCamps francophones (un par an depuis 2010). Ces données ont ensuite été nettoyées puis traitées pour en tirer un réseau de participants :

Répartition des près de 500 participants aux THATCamps francophones selon leur nombre de participations.

Répartition des près de 500 participants aux THATCamps francophones selon leur nombre de participations.

Le graph ci-dessus propose une visualisation des participants aux 6 THATCamps francophones. Chaque individu est relié aux événements auxquels il a participé. Au centre, les personnes ayant participé à un nombre important (la totalité, pour 2 d’entre eux) d’événements, accompagnés par une série de personnes ayant participé à deux ou trois THATCamps. En périphérie des 6 événements, on trouve les “grappes” de personnes n’ayant participé qu’à un seul THATCamp.

Il apparaît clairement que la communauté des “habitués” est beaucoup plus réduite que ce que la classique impression “on retrouve toujours les mêmes aux THATCamps”, souvent exprimée, veut bien nous faire croire. Moins de 20% des participants ont assisté à au moins 2 THATCamps, seuls 6% en ont vécu 3 ou plus !

La localisation de l’événement n’est pas sans importance. Trois éditions ont eu lieu à Paris, alors que les autres se sont déroulées à Lausanne, Saint-Malo et Lyon. Il apparaît clairement que le THATCamp suisse a touché un public très différent des THATCamps français : le “cluster” Lausanne est satellisé (en bas à droite) et cultive peu de relations avec les autres. Ci-dessous, le même réseau que précédemment, avec une mise en évidence des participants aux trois rencontres de Paris :

À 7 exceptions près, la totalité des personnes ayant assisté à plusieurs THATCamps est passée par Paris au moins une fois. Le réseau ci-dessous montre d’ailleurs clairement que les relations les plus fortes (en termes de nombre de participants partagés) se trouvent entre les THATCamps situés en France, et en particulier à Paris et Lyon (Saint-Malo et Lausanne, par leurs positions excentrées, attirent un public différent).

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Merci à tous les participants du datasprint pour la mise à disposition des données, et à Solène Roulet-Pillon et Nicolas de Lavergne pour leur aide dans le nettoyage/traitement de ces données ! À noter que pour des raisons de protection de la sphère privée il n’est pas prévu de produire un même réseau avec les noms de participants. On prendra également en compte le fait que seules les informations d’inscription nous sont disponibles : il n’est pas possible de tenir compte des personnes ayant participé à la dernière minute sans s’enregistrer ou des personnes s’étant inscrites sans finalement assister à la rencontre.