Conditions de recherche et Digital Humanities : quelles perspectives pour les jeunes chercheurs ?
La question qui compose le titre du 5e colloque international de l’Institut Historique Allemand de Paris a plongé pendant deux jours un panel de chercheur dans la problématique des modalités de la recherche en humanités numériques, en particulier pour les jeunes chercheurs. Dans sa volonté de tisser des liens avec une communauté éparse et numérique, le colloque a dans un premier temps été concrétisé par une blogparade qui a rassemblé de nombreux contributeurs dont voici les très divers et passionnants textes :
En français : Anne Baillot 1 / 2 – Marjorie Burghart – Frédéric Clavert – Antonin Dubois – Franziska Heimburger – Marion Lamé – Pierre Mounier – Tis 1 / 2 – et moi-même Martin Grandjean. En anglais : Anne Baillot – Lucas Frederik Garske. En allemand : Marten Düring – Sascha Foerster – Sebastien Giessmann – Moritz Hoffmann – Charlotte Jahnz – Lilian Landes Monika Lehner – Philippe Nordmeyer – Maxi Maria Platz – Michael Schmalenstroer – Christof Schöch – Petra Tabarelli.
Le colloque est ouvert lundi 10 juin au soir par Christian Jacob (ANHIMA/EHESS) qui livre dès l’issue de sa conférence, intitulée “Qu’est-ce que chercher ?“, son texte fourni sous la forme de quatre billets de blog passionnants : Qu’est-ce que chercher ? (1) / Les heuristiques (2) / L’instrumentation de la recherche (3) / Les sociabilités savantes (4). Le 11 juin, quatre panels se succèdent : 1. Formes numériques de notre culture scientifique : ce que changent les Digital Humanities (avec Dominique Bouiller et Arianna Ciula), 2. Questions de formation : quelles nouvelles compétences sont nécessaires ? (avec Malte Rehbein et Jean-Michel Salaün), 3. Assurer la qualité et évaluer la recherche (avec Milena Zic-Fuchs et Denis Pumain) et 4. Carrières, financements et reconnaissance académique (avec Claudine Moulin et Pascal Arnaud).
Twitter : nouveau mode de communication scientifique
Les dialogues entre auditeurs présents dans la salle de conférences, les auditeurs du livestream en ligne et les auditeurs sur Twitter ont été particulièrement nourris puisque 1147 tweets contenant le hashtag #dhiha5 sont envoyés pendant les deux journées, sans compter les messages ne comprenant pas le mot-clé. Un rapide calcul montre qu’il a été produit l’équivalent de trois fois la conférence d’ouverture (pourtant très riche) en terme de nombre de messages sur Twitter pendant le colloque !
Briser les communautés pour mieux les recomposer
Dans ce cadre institutionnel et international marqué par un hôte franco-allemand, les dimensions nationales et linguistiques sont dépassées par les possibilités qu’offre le réseau social numérique, Twitter en particulier. Dans cette seconde visualisation, il ne s’agit pas d’attribuer des couleurs en fonction de paramètres linguistiques ou socio-culturels mais bien de laisser un algorithme de reconnaissance de communautés s’appliquer. Les anciennes communautés disparaissent, les nouvelles communautés des interactions numériques prennent forme, au-delà des précédentes.
Commentaire
S’il faut applaudir l’utilisation de l’internet, des blogs scientifiques et de Twitter comme accélérateurs des interactions dans les milieux de la recherche, c’est probablement parce que, comme le relevait Christian Jacob dans son message d’ouverture, ces outils permettent “de constituer des collectifs informels et de construire une expertise collective1” ! Que vive ce collectif informel, cette communauté restructurée, ce lieu d’échanges si féconds !
Aparté
Suite au bon mot de Benoît Majerus qui proposait comme slogan du Manifeste qui clôt le colloque un revendicateur “YES WE DIGITAL“, on trouvera ci-contre ma proposition d’illustration (dont le réseau est d’ailleurs celui qui illustre ma contribution au colloque). Cette image est évidemment réutilisable, partageable, etc…
Mes remerciements à Yannick Rochat qui m’a aidé dans le traitement des données nécessaires aux visualisations ci-dessus.
- Qu’est-ce que chercher ? (4) paragraphe 7 ↩
Merci beaucoup, Martin – c’est vraiment très impressionnant ! Juste une question : que signifie les différents couleurs dans le deuxième image ?
J’ai maintenant publié un article sur les archives de tweets #dhiha5 établie par nous le 10/04/2013 : http://dhdhi.hypotheses.org/1788
La *reconnaissance de communautés” est effectivement une notion assez particulière. En fait, un algorithme va petit à petit décomposer le graphe en communautés en fonction du nombre et de l’importance des connexions qui le constituent, le tout en fonction d’un paramètre chiffré donné par l’analyste (pour gérer l’ordre de grandeur du nombre de communautés à détecter).
En savoir plus : Modularité (wikipedia, l’article est meilleur en anglais, si jamais).
Il est évident qu’il y a des centaines de façons de séparer ce réseau en sous-communautés, l’algorithme est complexe et peut donner des résultats différents avec un même paramètre. Il s’agit surtout d’un moyen d’interroger le graphe sur la base d’un outil qui calcule mieux et plus rapidement que nos petites synapses les interactions entre acteurs.
En l’occurrence les couleurs elles-même n’ont pas une signification particulière, elles sont simplement là pour mettre en évidence les communautés détectées par l’algorithme.
Very impressive Martin! If you don’t mind, which Gephi layout or plugin did you use to create the visual?
Hi, it’s simply a Force-Atlas layout. By the way, note that all my visuals are edited with Inkscape to refine rendering.
Perfect! Thank you very much!