Avec le projet de tour de Beaulieu, la ville de Lausanne se voit en ville modèle et moderne. Toutefois, malgré l’acceptation du conseil communal, un comité d’opposants a fait aboutir un référendum qui a pour conséquence une votation communale le 13 avril prochain.
Comment juger de la “démesure” ?
Il ne s’agit pas ici de faire l’étalage de tous les arguments contradictoires des soutiens et opposants à la tour de Beaulieu (retrouvez leurs sites internet ici : Comité de soutien pourlausanne.ch ; Comité d’opposants tatoua-non.ch ; Site du projet beaulieu2020.ch), mais plutôt d’apporter un élément au débat de la “démesure”, un terme fréquemment repris, en particulier dans le discours du comité référendaire. Petit tour d’horizon des tours en Suisse et dans le monde :
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L’image est librement réutilisable selon les termes de la licence CC-BY avec lien vers ce billet.
Fondamentalement, la “démesure” est une notion relative. On peut discuter de la pertinence de la comparaison entre la tour de Beaulieu et les plus grandes tours de New York ou de Dubaï (cette dernière étant plus de 9x plus haute que le projet lausannois, voir échelle bleue à droite), mais c’est bien d’une question de comparaison qu’il s’agit. Plus proche de nous, la comparaison avec d’autres constructions suisses n’est pas sans intérêt.
La question demeure, qu’est-ce que la démesure ? Est-ce que la tour de Beaulieu dépareille plus dans une ville très accidentée comme Lausanne que la tour de la RTS dans un quartier complètement plat de Genève ? Et qu’en est-il de la tour d’Ivoire de Montreux, qui borde le lac ?
Parfois la démesure, c’est tout simplement de refuser tout ce qui est nouveau, différent, pas habituel, d’avoir peur dans un monde qui continue à changer (mais plus vite).
Pas trop différent, en tout cas. Imaginez si c’était un de ces projet à lignes courbes comme le Burj al-Arab ou la Space Needle à Seattle…
M. Grandjean, j’ai trop d’estime pour vous pour concevoir que vous puissiez publier une analyse aussi peu pertinente sans éprouver une certaine gêne.
Le débat sur la “démesure” peut se traiter par votre pirouette, mais le débat urbanistique autour de Taoua mérite un peu plus d’attention et de rigueur. Le fait que vous participiez à ce déni sur la qualité urbanistique me déçoit.
Bonjour, et merci pour votre commentaire.
Si dans cette sacro-sainte rigueur je m’étais attelé à exposer tous les arguments entendus dans cette campagne qui débute, j’aurais passé trois semaines à la rédaction d’un billet inutile parce que redondant avec le matériel des deux camps en présence.
D’ailleurs, laissez-moi vous faire remarquer qu’à part une pointe de dédain, votre réponse est vide de contenu.
Bonjour. Votre réponse à Monsieur Rossi est tout à fait pertinente. Il est à craindre que le débat sur Taoua soit à l’image de celui qui a prévalu pour le musée de Bellerive : un simple échange de slogans. En voici encore un bel exemple : c’est quoi, un déni urbanistique ? Une conception de l’avenir de la ville différente de la mienne ?
Votre publication – que je ne considère pas comme une analyse – est un outil de réflexion intéressant, mais il montre que la discussion sur la taille de la tour n’a pas de sens si on la détache des raisons (utilisation des espaces au sol libérés notamment) qui conduisent à choisir cette forme urbaine.
Il est frappant de constater que l’argument le plus souvent entendu par les opposants à Taoua est « je ne l’aime pas » (même de la part de professionnels). Si la ville doit se construire à coup de j’aime / j’aime pas, il est à craindre que le territoire se couvre de chalets.
Absolument, l’argument de dire “il faut que le Peuple ait son mot à dire” (majuscule volontaire) n’est pas sans effets pervers. Je vous rejoins également sur le constat que le seul argument qu’on trouve de part et d’autre est la question esthétique, c’est pour cette raison que je proposais cette petite visualisation comparative puisque la “démesure” fait partie du champ de l’esthétique.
Je ne sais pas encore comment je vais voter sur ce projet. Et j’avoue ne pas m’être encore penchée sur la question. J’ai juste quelques souvenirs de conversations avec des militants pro et anti tour.
Effectivement, je trouve cette tour moche, et elle va être extrêmement visible.
Ce qui me pose surtout problème avec ce projet, c’est l’usage qui va être fait de ce bâtiment. Avec le marché du logement actuel à Lausanne, le besoin criant d’appartements, est-il vraiment juste/bon/sage de faire une tour si haute avec, au final, que très peu de logements mais au contraire un (plusieurs?) hôtel(s)?
Merci pour cette réflexion.
Oui, la question est légitime (elle dépasse évidemment l’objet de ce billet, mais le but est bien sûr de débattre), mais il faut comprendre que ce projet de réhabilitation de Beaulieu ne vient pas de nul part : il répond à une décision stratégique de revaloriser ce centre de congrès, qui a en particulier besoin d’un hôtel. La municipalité à ensuite intimé aux promoteurs d’ajouter des logements à leur projet, sans compter les surfaces restantes qui seront louées à l’école de Santé de la Source, qui déménagerait si cette solution ne se réalisait pas, tellement les effectifs grossissent (ce qui este une bonne chose au vu des conséquences de la votation du 9 février qui va dégarnir les hôpitaux).
Vous parlez de tour “si haute”, mais est-ce que c’este vraiment le cas ? Pas en comparaison suisse, semble-t-il.
Hauteur et démesure
Ce débat est vraiment très intéressant. S’il ne faut effectivement pas confondre hauteur et démesure, on peut tout de même s’interroger sur la pertinence urbanistique d’un tel bâtiment. Est-ce qu’il fait sens dans le quartier où il doit être construit? Est-il la conséquence d’un geste architectural fort ou le seul produit de l’arrogance de ses promoteurs? Pour l’heure, j’avoue que je n’ai pas encore de réponse et je sais pas ce que je vais voter. Si les tours font partie du paysage à New York, c’est moins le cas à Lausanne, me semble-t-il.