“Je souhaite que cet effort pour les humanités numériques soit non seulement maintenu mais renforcé dans les années qui viennent.” Le discours de François Hollande à l’occasion de l’inauguration des nouveaux locaux de l’École des Chartes vaut la peine qu’on s’y arrête quelques instants: il y déroule une définition des humanités numériques qui est étonnamment plus proche des enjeux de la recherche que des buzzwords que nous assènent parfois certaines des communications de l’Elysée.
Je n’en propose ici qu’une transcription, parce que je crois qu’il faut garder une trace de ce discours, pour en laisser l’analyse à mes collègues français (je me réjouis de lire vos commentaire ci-dessous !).
Transcription d’un extrait du discours de François Hollande sur les humanités numériques9 octobre 2015, École des Chartes C’est un retour [à propos du déménagement de l’École des Chartes], un retour aux sources, mais qui n’est pas un retour en arrière. C’est plutôt une renaissance. Car votre champ d’étude, à travers les oeuvres anciennes, c’est aussi de pouvoir saisir le présent. Car le présent est également une source d’histoire pour demain. L’École des Chartes apporte sa contribution à ce que l’on appelle les humanités numériques, auxquelles contribuent de brillantes équipes de chercheurs français, souvent issus des études classiques, car les études classiques peuvent conduire aussi à des technologies extrêmement modernes. Et que l’on peut posséder, justement, des langues anciennes ou avoir ce souci de l’histoire et en même temps les mettre au service du plus grand nombre. Il n’y a pas de distinction à établir entre les savoirs, dès lors qu’ils sont transmis. Alors, les humanités numériques utilisent le meilleur des outils informatiques pour répondre à des questions posées par les sciences humaines et sociales, et c’est un atout pour notre pays que d’avoir une recherche française, notamment en sciences humaines qui dispose d’un corps significatif d’ingénieurs et qui sont les mieux armés pour accomplir cette révolution numérique. Nous avons besoin de tous ces talents-là. Des talents d’informaticiens, des talents de mathématiciens, pour qu’avec les sciences humaines nous puissions faire des outils numériques un élément de recherche pour notre patrimoine. Je souhaite que cet effort pour les humanités numériques soit non seulement maintenu mais renforcé dans les années qui viennent. Car les outils numériques décuplent les capacités de conservation et rencontrent aussi de nouveaux défis. Vous les connaissez ces défis. Le premier, c’est le défi de la propriété intellectuelle, et qui n’est pas forcément facile à assurer et à relever, comme tout ce qui touche la numérisation. Il y a le défi de la pérennité des supports et de leur sauvegarde. C’est vrai que les chartes du Moyen-Âge ont réussi à traverser les siècles jusqu’à nous, mais en sera-t-il de même avec les disques durs, les clés USB, les CD-Rom, alors que nous avons de plus en plus un patrimoine écrit et audio-visuel qui sont conservés sous cette forme ? Et donc là c’est un défi autant technologique qu’humain. Enfin il y a le défi de la sélection, il y a énormément de données, tellement qu’il est difficile de les appréhender. Alors comment hiérarchiser ? Comment les indexer ? Comment les mettre en ordre ? Voilà la tâche qui vous est aujourd’hui confiée. Et elle est considérable, parce que c’est à vous de dire ce qui est important et ce qui ne l’est pas, ce qui pourra être transmis ou ce qui peut être négligé. Pour cela il faut aussi avoir un apprentissage, une éducation au numérique, avant même que vous n’arriviez ici à l’École des Chartes. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a lancé un grand plan numérique à l’école, c’est-à-dire un plan de formation pour les enseignants et la création d’un enseignement d’exploration informatique et création numérique pour tous les élèves en classe du secondaire. [Suivent des considérations générales sur l’enseignement et la consultation « République numérique »] |
Trackbacks/Pingbacks